La Sierra de Grazalema en Andalousie a été déclaré réserve de biosphère par l’UNESCO en 1977. Elle est connue pour son géographie mais aussi pour la faune qui occupe l’espace. On peut espérer voir de magnifiques rapaces : vautour, aigle, faucon, mais aussi des mammifères comme le cerf, le bouquetin et le chevreuil.
Notre périple nous a mené dans la région de Garganta Verde où les parois verticales arrivent à 400 mètres de haut. Au programme de ces deux jours dans la Sierra de Grazalema : une randonnée au coeur d’un canyon où l’on aura la chance de croiser de nombreux vautours et la une balade à l’entée de Cueva del Hundidero.
Dans cet article, je reviens sur ces deux jours au coeur de la nature andalouse.
Sentier La Garganta Verde
Ce matin nous quittons notre petit bord de rivière après deux jours passés à lézarder au soleil. Nous sommes à une heure du parc naturel de la Sierra de Grazalema, lieu de notre randonnée du jour. Sur le papier, elle a l’air facile : seulement 5km aller-retour même si elle est annoncée comme « très difficile ». On ne peut pas rater les panneaux nous demandant d’être vigilant !
Avant d’entamer notre marche, nous faisons un arrêt au centre des visiteurs afin d’obtenir une autorisation pour parcourir ce sentier. Je baragouine quelques mots d’espagnol à la dame de l’accueil, lui donne les informations nécessaires et elle me remet mon autorisation pour la journée. J’avais fait ma demande par mail mais finalement c’était beaucoup plus rapide de passer au centre, surtout qu’il est sur la route pour accéder au point de départ du sentier. (Les infos pratiques pour avoir l’autorisation sont plus bas dans l’article)
Départ de la rando dans Grazalema
On arrive sur le coup des 12 heures sur le parking, on décide de manger avant de partir, ce sera ça de moins à porter dans le sac. Ici le vent souffle aussi fort que sur la côte ouest portugaise. Le van effectue de petits mouvements de balancier. Il ne fait pas vraiment froid, le tableau de bord annonce 15 degrés mais la température ressentie est bien plus basse avec le vent. Je m’habille alors un peu plus chaudement que prévu et nous partons sur le sentier.
Là encore, les panneaux nous informent de la nécessité d’avoir une autorisation pour parcourir ce sentier, de l’interdiction d’y aller avec un chien (ce que l’on comprendra vite), et de la difficulté de la randonnée. Il nous est demandé d’être conscient de nos capacités physiques et de leur non-responsabilité en cas d’accident. Je me demande vraiment pourquoi autant de précautions sur un sentier de 5km… Un dernier panneau quelques centaines de mètres plus loin nous demande d’être silencieux dans cette zone pour ne pas déranger les oiseaux qui sont en période de nidification.
Le chemin est fait de gravier, le vent nous secoue et je suis contente d’être bien couverte. Mais après seulement 1 km de marche, nous commençons à descendre la falaise, laissant rapidement tomber les couches de vêtements. Plus on s’enfonce dans le canyon, plus les paysages sont sublimes. Depuis que l’on est arrivé dans la zone de silence, un beau spectacle s’offre à nous dans le ciel. Je dénombre pas moins de neuf vautours volant en cercles au dessus des forêts qui nous entourent. Ils passent d’un flanc de montagne à l’autre en hurlant, leurs cris sont à la fois terrifiant et fascinant.
Serions-nous dans les décors de Jurrassic Park ?
On avance en même temps que nos yeux regardent en l’air quand soudain, on surprend un vautour prêt à se poser sur une falaise. Ses ailes sont déployées à la verticale pour freiner le plus vite possible. Ses griffes sont en avant prêtes à agripper la roche. Son regard perçant, ce mouvement est accompagné d’un bruit d’air, on entend littéralement l’air frotter sur ses ailes. Ce n’est définitivement pas le phénomène le plus facile à expliquer. C’était évoqué sur le site, je pensais qu’ils exagéraient un peu mais pas du tout ! Toutefois, c’est difficile à imaginer tant qu’on ne l’a pas vu.
Ce canyon regorge de vautours mesurant jusqu’à 2,50 mètres d’envergure et 1 mètre de haut. Dans le plus beau des silences, on admire leur prestance.
Peu à peu, la descente dans le canyon s’accélère, nous descendons les escaliers de fortune taillés dans la pierre, en s’agrippant par endroits pour ne pas tomber. Durant tout ce temps, on entend les cris des vautours au dessus de nous, jusqu’à en voir un hurler plus fort que les autres dont le vol se transforme en un piqué en direction du sol, probablement pour attraper une proie.
Au coeur du canyon
Les derniers 200 mètres sont les plus pentus, pas très adaptés à tous les profils de randonneurs mais largement faisable quand même. Nous voilà au coeur du canyon. D’ici tous nos mots résonnent. Ils font écho jusque dans les hauteurs. On remarque qu’une rivière coulait avant, les pierres sont roulées par le passage de l’eau. Arnaud s’y engouffre seul tandis que j’essaie de capturer le son avoisinants de ces vautours.
Nous pourrions en théorie continuer la randonnée en canyoning mais nous n’avons ni équipement ni expérience. Nous remontons par le même chemin qu’à l’aller. Le vent recommence à souffler alors que nous remontons. Dans ce sens, le sentier est bien plus difficile physiquement. D’un point de vue technique, il est simple : de nombreuses « marches » sont taillées dans la roche et des cailloux sont bien placés pour pouvoir grimper. Mais la montée est raide et nos coeurs s’emballent. Arnaud est encore plus essoufflé que moi. Nos séances de sport avec notre kiné sont bien loin malheureusement !
Le paysage est bien plus calme qu’à l’aller. Seulement quelques oiseaux volent au loin, beaucoup trop loin pour qu’on puisse les photographier. Enfin, jusqu’à ce moment là.
La rencontre
Je les vois en premier temps d’assez loin, au point de se demander si ce n’est pas de la roche. Mais ça a l’air de bouger quand même ! On continue de marcher pour s’en approcher un peu plus. Ce sont bien deux vautours ! Ils sont là, calmement posés sur leur rocher proéminent, à observer le canyon tels un lion dans la savane. S’entame alors une petite marche rapide tels des ninjas pour avoir la chance de les observer de près sans les déranger. On avance au travers des buissons, marchant sur les grosses pierres pour être le plus discret possible jusqu’à ce que le paysage se dégage autour de nous, nous laissant la possibilité de voir ces vautours plus près que l’on n’aurait pu imaginer.
Ils sont là, dans leur espace naturel, en liberté, paisible, ne nous prêtant aucune attention, trop occupés à scruter les montagnes face à nous. Cela devient tellement rare de pouvoir observer des animaux sauvages. Je mesure la chance que j’ai de pouvoir les étudier dans leur habitat naturel. M’ont-il remarqué ? Peut-être mais je n’ai pas l’air de les déranger.Quelle joie de les observer ainsi ! Je sors le téléphone pour espérer filmer leur envol. Je manque le premier mais réussi à enregistrer le second départ.
La randonnée se termine, en quittant la zone de nidification, nous sommes ravis du spectacle plus que de la randonnée en elle-même.
Résumé de la rando
Durée : 2 heures 20
Distance : 8 km
Dénivelé : + 390m
Tips : des bâtons de Rando ça peut être utile, prendre des jumelles ou un bon téléobjectif, notre 70-200mm était à peine assez.
Etre silencieux dans le parc pour ne pas déranger les oiseaux. Possibilité de les voir à seulement quelques mètres de nous si l’on est assez discrets.
Il y a un petit parking à l’entrée du parc mais il est interdit d’y rester la nuit.
Parcours du sentier autorisé du 16 octobre au 31 mai, interdit aux chiens.
Comment avoir l’autorisation ?
En te rendant au Centre de visiteurs El Bosque. Il est à moins de deux kilomètres du départ de la randonnée. L’autorisation est gratuite, il suffit de remplir un formulaire et présenter ta carte d’identité. Tu peux aussi faire la demande par mail quelques jours à l’avance.
Adresse mail: cvelbosque.amaya@juntadeandalucia.es
Fiche info de la randonnée : https://www.juntadeandalucia.es/medioambiente/portal/web/ventanadelvisitante/detalle-buscador-mapa/-/asset_publisher/Jlbxh2qB3NwR/content/la-garganta-verde
Où dormir avec son van à Grazalema ?
Il est interdit de passer la nuit dans les parcs naturels d’Espagne. Nous repartons donc en direction d’un spot repéré à 30 minutes d’ici. La route nous y menant nous fait contourner la sierra de Grazalema jusqu’à arriver sur le parking situé à quelques mètres d’un autre accès au parc. Je ne suis pas sûre que l’on ait le droit de dormir ici mais un couple d’anglais déjà présents nous confirment qu’ils n’ont pas eu de soucis la nuit dernière et au pire, on se fera escorter sur un autre lieu en pleine nuit. Pour une fois, l’endroit est vierge de tous déchet. Vu la propreté du parking, il a du être créé il y a peu de temps. (C’est triste de se dire cela quand même)
La météo commence à se gâter dans la soirée, le soleil de l’Algarve ou même de Séville nous parait loin. A la nuit tombée, Arnaud nous prépare un bon plat de pâtes dont lui seul à le secret pour les rendre aussi délicieuses puis rapidement, on se met au lit.
Ce matin, nous avons encore une belle surprise au réveil : une cinquantaine de vautours volent au dessus du champ d’olivier à côté du van. J’ai du mal à en croire mes yeux alors j’attrape au plus vite mes lunettes dans le tiroir et retourne dehors. Je ne rêve pas ! Comment autant d’oiseaux aussi grands et majestueux peuvent se retrouver tous là ? C’est incroyable. Quelques un sortent de temps en temps de leur ronde pour aller voir plus loin mais la majorité restent là au dessus du champ d’olivier. On prend le temps de déjeuner, de se préparer et je ne peux m’empêcher de jeter un coup d’oeil dehors : ils sont moins nombreux mais toujours présents.
Randonnée à Cueva del Hundidero
On décide malgré un planning de la journée chargé, de s’aventurer sur le sentier qui débute sur le parking. Le paysage est différent ici : pas de canyon mais d’immenses montagnes rocheuses. Là encore, les panneaux nous demandent d’être prudents, conscient de notre condition physique et même de porter un casque pour parcourir la dernière partie du sentier. On s’aventure au-delà des écriteaux pour s’enfoncer rapidement entre ces roches. Des escaliers parfaitement pavés et une corde nous guident tout du long du canyon. L’endroit a été rénové il y a peu de temps. On descend les marches les unes après les autres, jonglant entre regarder la marche suivante et lever les yeux pour voir ces montagnes rocheuses jusqu’à arriver face à une grotte.
Celle-ci mesure une cinquantaine de mètres de haut, l’accès nous est interdit sans autorisation. J’imagine que c’est à partir d’ici que le port du casque est vivement conseillé. A chaque pas que l’on fait des oiseaux s’envolent au dessus de nos têtes. On découvre les restes d’une proie des vautours : un cadavre de chèvre dont on ne retrouve pas grand chose hormis la peau séchée, quelques os, les cornes et les sabots.
Malgré l’interdiction d’entrer dans cette grotte, ma curiosité est piquée au vif. Je me demande ce qui se cache quelques mètres plus loin dans ce lieu sombre ? Je m’avance tout doucement dans les entrailles de ces montagnes, la hauteur de cette grotte est impressionnante. Elle devient légèrement plus étroite et sinueuse ce qui ne m’offre pas beaucoup de visibilité, je n’irai pas plus loin qu’ici.
Résumé de la rando :
Durée : 45min
Distance : 3,1 km
Dénivelé : + 192m
L’heure de repartir
Il est maintenant temps de remonter toutes ces marches, le souffle nous manque rapidement et photographier le paysage est une bonne excuse pour faire une petite pause. On ne voit pas de vautours au-dessus de nous dans cette zone mais différents oiseaux plus petits. C’est avec ces magnifiques souvenirs en tête que l’on quitte Grazalema pour continuer notre route en Andalousie.