Vivre en van, on en a rêvé. Cela fait maintenant deux mois que l'on est sur les routes d'Espagne avec notre van. Les paysages évoluent avec les kilomètres qui tournent au compteur.
On quitte Séville, ses 23 degrés mais surtout nos compagnons de route, les Macomaco, qui doivent rentrer en France pour Noël. On est un peu tout chamboulés par cette séparation. Après la joie de passer du temps ensemble à vadrouiller depuis les Bardenas jusqu’à Séville, nous sommes tristes de ne pas pouvoir se dire qu’on se retrouverait très rapidement sur la route. Cette nuit nous restons proche de la ville pour n'effectuer les tâches nécessaires que le lendemain. Il faut ranger et nettoyer le van, faire une lessive et aller se ravitailler en eau et en nourriture.
Au petit matin, on reprend la route en direction du sud-ouest, à côté de Arcos de la Frontera. Passer quelques jours off avec le van dans la nature après un week-end dans la frénésie de la ville est devenu une habitude pour nous. Notre to-do list pour les prochains jours est courte : trier toutes les photos faites ces dernières semaines et rédiger les articles de blog. Mais en même temps l’envie de ne rien faire nous guette. Lézarder au soleil, profiter de ces douces températures qu'offre le sud de l'Espagne.
Notre camp est posé tout près d’une rivière à la sortie du village. On entend au loin les coqs et les oiseaux chanter. On croise quelques promeneurs et une famille de canards dans la rivière. Deux oies se lancent même dans une course-poursuite en plein vol. A la nuit tombée les chauve-souris s'envolent et les vaches traversent le ruisseau pour remonter dans leur pré.
Vivre en van incite à vivre au rythme du soleil. Les premiers rayons du soleil percent à travers le volet et nous réveillent doucement. Il est généralement 17 heures lorsque l'on sert l'apéritif alors que la luminosité baisse à l'extérieur. Et nous sommes rarement au lit après 21 heures.
Redevenir maître du temps
Vivre en van c'est vivre simplement. Il n'y a pas de place pour le superflu lorsque l'on vit dans un si petit espace. Chaque objet trouve son utilité et l'on remarque que l'on ne manque de rien. En ayant si peu de matériel, on se libère du temps pour soi. Ce temps précieux que chacun avoue manquer.
Notre notion du temps est radicalement différente depuis que l'on est en van. On prend le temps de vivre. Les journées nous paraissent plus longue sans qu'on ai l'impression que les heures nous filent entre les doigts. Nos amis ne sont partis que depuis deux jours mais nos journées sont tellement remplies de nouveautés que l'on croirait que cela faisait une semaine.
Le temps ralentit-il vraiment ?
Malgré les pauses que l'on s'accorde en restant trois jours au même endroit, ce voyage nous offre tellement plus que juste de nouveaux paysages. Ce mode de vie nous donne la possibilité de ralentir, d'être maître de notre temps. Fini les 35 heures de travail par semaine. Fini de dire à la machine à café "Vivement vendredi" ou encore "ça va comme un lundi".
Chaque réveil dans mon van est un cadeau. Je n'ai aucun impératif, pas d'horaires à respecter. Savoir quel jour nous sommes m'importe peu. Je suis mes envies, je vis simplement et à mon rythme.
Pourquoi partir ?
Le seul manque que l’on ne peut combler est celui de nos proches. Mon petit frère qui grandit, nos mamans qui aimeraient nous avoir tous les jours près de nous. Mais aussi nos amis avec qui nos liens se sont renforcés après ces quelques mois passés chez eux à aménager le van. Et puis, il y a Izzy, mon chat qui se prélasse bien au chaud chez belle-maman.
Toutes ces personnes nous manquent, c'est certain. Alors pourquoi partir me diras-tu ? Parce-qu'il y a ce besoin qui résonne en nous. Celui de vivre notre vie. De ne pas attendre plus tard, de ne plus se trouver d'excuses pour repousser nos projets rêvés.
Pourquoi tout le monde attend la retraite pour profiter de la vie ?
Lorsque je travaillais, je côtoyais quotidiennement des personnes atteintes du cancer. J'ai vu des patients guérir alors que d'autres n’ont pas eu le temps de finir leur traitement. Certains revenaient quelques mois plus tard car leur maladie s'aggravait.
Aucune de ces personnes ne se connaissaient entre elles. Elles ne venaient pas de la même ville et n'avaient pas les mêmes valeurs. Leurs âges différaient : 30 ans, 54 ans ou même plus de 90 ans parfois.
Et pourtant, tous me tenaient le même discours.
Elles me regardaient avec les yeux emplis d'émotions et me disaient :
Profitez de la vie, n’attendez pas !
Ce n'est que lorsque j’ai rencontré Arnaud que j’ai pu appliquer les conseils de mes patients. Très rapidement, nous sommes devenus inséparables, nos envies communes et la force d'être deux nous ont aidé à franchir le cap de tout quitter. J'ai obtenu un congé sans solde, Arnaud a quitté son job, nous avons aménagé un van et rendu notre appartement.
Après deux mois de vie en van je me remercie du cadeau que je me suis offert. Les sacrifices et les choix que j'ai fait me permettent aujourd'hui de profiter de la vie.
Car je suis là, dans le présent, à parcourir les routes d’Europe au volant de mon van.
Je me sens vivante.
Je suis heureuse.
Après la vie en van ?
Sans grande surprise, ces premiers mois de voyage me confirme ce que j'imaginais depuis longtemps.
Je veux vivre aussi proche de la nature que possible.
Arnaud et moi avons habité pendant longtemps au coeur de la ville. Nous avons adoré ce rythme de vie effréné. Un monde où tout va vite, où nous étions encore libres. La frénésie de la ville nous rendait vivants.
Nous l'avions décidé avant même d'en parler : un jour nous quitteront le centre-ville. Est-ce qu'on s'imaginait vivre dans un van à ce moment-là ? Pas du tout.
On pensait acheter une cabane et y vivre en autonomie. Un mode de vie simple, en accord avec l’environnement. Une vie où l'on évolue avec les saisons et le soleil.
Finalement, nous avons acheté un van pour parcourir les routes du monde et remis la cabane à plus tard. Nous rêvons de découvrir le grand nord, de parcourir les terres pour trouver l'endroit parfait où l'on s'installera. Peut-être resterons-nous nomades, qui sait ?
Toute bonne chose doit-elle vraiment avoir une fin ?
Un van, une maison mobile
En quittant notre appartement pour vivre en van, j’ai réalisé ce dont j’avais réellement besoin. posséder 'une grande maison demandant de l'entretien n'en fait pas partie. Je n'ai pas envie de dépenser toutes mes économies dans des meubles et de la décoration pour combler les espaces vides. Un petit chez-moi me convient. Un espace qui me ressemble et me permet d'avoir l'essentiel avec moi.
J'aime autant partir à l'aventure que j'apprécie hiberner dans ma maison. Vivre en van me permet de relier ces deux besoins. On vit plus simplement, ce qui ne veut pas toujours dire plus facilement. Nous n'avons pas d'intimité, pas de salle de bain, très peu de chauffage et d’eau chaude. Pour faire nos besoins nous allons dehors. On se partage 6 mètres carrés en plein hiver. Il faut surveiller que l'on ai toujours du gaz pour se chauffer et de l'eau pour boire. Mais tous les matins, depuis mon lit, j'ai un paysage différent. Tous les jours, peu importe où nous sommes, j'ai la sensation d’être chez moi.
Je me balade avec ma maison sur roues, au gré de mes envies. Je n'ai pas besoin de plus. Alors que le monde est pris dans un tourbillon de « toujours plus, toujours plus vite », je nage à contre-sens et reviens à l’essentiel.
Une rencontre inattendue
Retournons à Arcos de la Frontera et laisses-moi t'expliquer d'où m'est venue l'inspiration de cet article.
Ce matin, alors que l’on petit-déjeune, j'entend un bruit des sabots. Ce doux son vient du sentier à côté du van. C'est un homme plutôt âgé, se baladant sur le dos de son cheval. Je ne pouvais que l'envier en l'observant. Il prend le temps de féliciter sa monture, effrayée par le ruisseau qu'il devait traverser.
Une heure plus tard, alors qu’Arnaud est parti seul en balade, je re-croise ce même homme. Il traverse de nouveaux l’eau et s’approche de moi. Plusieurs émotions m’envahissaient alors. Tout d'abord de l’envie, celle d’un jour pouvoir avoir ce même plaisir de me balader avec mon cheval. Puis de la peur, va-t-il me dire que je n’ai pas le droit de rester ici avec mon van ?
Je suis restée pétrifiée quelques secondes avant de lui faire un signe de la main amical accompagné de mon sourire habituel. Il me répondit à l’identique et continua son chemin tranquillement. Ma peur s’envole en un dixième de secondes et laisse place à une immense vague de bonheur.
C'est dont cela la vie en van. De la simplicité, du temps et les petits bonheurs du quotidien décuplés.